Passériformes
Corvidés
Corvus
frugilegus
20 ans
Les Corvidés sont des passereaux de taille moyenne à grande. C'est dans cette famille que se trouvent les plus grandes espèces (L max. 69 cm). Le bec est fort et les pattes robustes.
Une majorité d'entre eux ont un plumage sobre, noir, gris ou blanc et noir, souvent avec des reflets. Mais des ... lire la suite
La famille des Corvidés comprend les plus grands des passereaux connus, le plus grand étant le bien nommé Grand Corbeau.
Le Corbeau freux est plus petit mais mesure quand même entre 45 et 50 cm de longueur pour une envergure de 90 cm en moyenne. Les proportions sont un peu les mêmes, la silhouette également, mais avec la queue simplement arrondie à son extrémité. De loin, il peut faire illusion, mais fort heureusement, la voix est très différente comme on le verra plus loin. La confusion avec la Corneille noire est possible, mais là encore la voix est discriminante. Il est plus fin et plus allongé que celle-ci et son allure au sol est comme dégingandée. En vol, la corneille a les ailes plus larges et moins longues que celles du freux et la queue plus courte.
La silhouette est particulière avec l'arrière effilé du fait des longues ailes pointant vers l'extrémité de la queue. La tête n'a pas la rondeur de celle de la corneille, mais montre d'habitude un front ou une calotte bombés.
Mais ce qui saute aux yeux à distance raisonnable chez la sous-espèce nominale qui nous concerne, c'est le bec, gris, long et pointu, parfois un peu courbe. Il est tellement évident qu'il semble effacer la tête. Sa base est couverte de peau nue gris clair dessus comme dessous. Le plumage est entièrement noir et d'aspect lustré, avec des reflets bleus ou violacés au soleil. L'oeil et les pattes sont noirs, ces dernières munies de culottes allongées. Le mâle est un peu plus grand que la femelle.
La sous-espèce pastinator de l'est du continent diffère de frugilegus par la face emplumée et non nue. Il convient donc de bien regarder la forme du bec.
Le juvénile peut être confondu avec une corneille et il faut bien regarder la tête. Le bec est le même que celui de l'adulte, long et pointu, mais il est noir et le culmen est couvert sur la moitié de sa longueur de vibrisses appliquées, comme chez la corneille. Il faut donc être très attentif. Heureusement, la voix et le comportement grégaire du freux sont une aide appréciable. Un jeune freux a toujours des adultes près de lui.
Le cri de contact, typique, est un "raaarrh" très rapeux et désagréable à l'oreille humaine. Sa tonalité "nasale" diffère de celle du cri de la corneille, mais la différence peut ne pas être évidente pour une oreille non exercée. Le cri est moins fort et moins agressif. Le comportement peut aider à les distinguer. Les freux sont le plus souvent en groupe alors que les corneilles, territoriales, vont par deux. Le cri du freux peut s'adoucir en un "hiiiin" nasillard. Les jeunes au nid quémandent bruyamment avec des "heiiinn" hauts et grinçants.
En Europe, le freux est une espèce de plaine, habitant essentiellement les grandes vallées alluviales et les premiers plateaux, montant localement jusque vers 500 m d'altitude.
Le trait de caractère le plus évident chez le freux est son grégarisme. C'est le plus souvent en groupes qu'on l'observe. Ce grégarisme est poussé à l'extrême en saison hivernale lorsque les hivernants se rassemblent pour la nuit en dortoirs. Ces derniers peuvent compter des milliers d'individus. Le freux tient régulièrement compagnie au Choucas des tours, à la fois le jour au gagnage et la nuit en dortoirs mixtes. Il y a une affinité entre ces deux espèces qui nichent souvent dans les mêmes endroits arborés. Il arrive que des Corneilles noires se mêlent à eux au gagnage mais moins systématiquement.
Les longues ailes et la longue queue du freux lui procurent une grande agilité en vol. Il a souvent l'occasion d'en faire la démonstration lors des vols de groupes au-dessus des colonies ou des dortoirs, ou même simplement pour le plaisir lorsque les conditions atmosphériques s'y prêtent. Autant dans ce cas le vol peut être erratique, autant il est rapide et direct entre la colonie et les zones de gagnage lors de la nidification.
Le Corbeau freux se nourrit au sol qu'il arpente de son allure dégingandée, pratiquement toujours en groupe. C'est un omnivore, beaucoup moins porté sur la nécrophagie que certains de ses congénères. Il se nourrit surtout d'invertébrés du sol comme les vers de terre ou les larves de tipules, qu'il déloge de son bec puissant en forme de pic. La part végétale du régime comprend des graines, en particulier de céréales, laissées sur le terrain après la récolte ou dispersées autour des silos, et bien d'autres graines, surtout à la mauvaise saison.
Le Corbeau freux est une espèce exclusivement coloniale pour la reproduction. Une colonie peut compter quelques nids seulement ou alors des milliers suivant les conditions environnementales. Dans une belle colonie, certains nids sont presque imbriqués les uns dans les autres tellement leur densité peut être importante. Il n'y a donc pas vraiment de territorialité chez cette espèce.
Il est des arbres plantés qui sont souvent choisis comme sites de nidification, les peupliers, platanes et autres marroniers, donc fréquemment dans la proximité de l'Homme, par exemple dans un parc urbain.
L'aire de reproduction du Corbeau freux s'étend pratiquement en continu de l'Océan atlantique au Pacifique aux latitudes tempérées sur le continent eurasiatique. La limite entre les deux sous-espèces passe par la Mongolie. Il est très local aussi bien au nord, par exemple en Fenno-Scandie, qu'au sud en climat méditerranéen, par exemple en Espagne. Il est absent d'Italie et des Îles méditerranéennes.
Les oiseaux du nord de l'aire sont migrateurs et viennent passer l'hiver dans le sud de l'Europe, en Asie centrale jusqu'au nord du Golfe persique et en Chine.
La sous-espèce nominale du Corbeau freux est commune et abondante, pas du tout menacée. En revanche, la sous-espèce orientale pastinator a énormément décliné au siècle dernier et est actuellement peu commune à rare.